Vital N'Simba - « Si Bordeaux frappe à la porte, je cours ! »

Latéral gauche formé aux Girondins, Vital N'Simba (24 ans) a quitté Bordeaux en 2013. Passé par Guingamp et Luçon, il évolue aujourd'hui à Bourg-en-Bresse en Ligue 2. Nous avons pris de ses nouvelles.
Vital N'Simba - « Si Bordeaux frappe à la porte, je cours ! »
Bourg-en-Bresse reste sur une série de cinq matchs sans victoires, comment analyses-tu cette mauvaise passe de ton équipe ?

On est un peu dans le dur en ce moment, mais je crois au potentiel de notre équipe et on remontera la pente assez rapidement. En Ligue 2, toutes les équipes ont une mauvaise passe à un moment donné de la saison. J’espère que nous c’est à ce moment-là et qu’il n’y en aura pas d’autres.

Demain, vous entrez en lice en coupe de France à Seyssinet, une parenthèse qui peut faire du bien ?

Exactement. Le maître mot c’est de reprendre de la confiance. C’est important d’aborder ce match avec le plus grand sérieux et de tout faire pour gagner, pour nous redonner un peu de confiance avant le match de vendredi prochain en championnat. Bourg est réputé pour aller loin en coupe de France, donc si on peut aller loin tant mieux, mais l’objectif principal est de se maintenir en Ligue 2. (entretien réalisé avant la victoire de Bourg-en-Bresse, 3-2)

Malgré cette situation délicate, il y a une petite satisfaction pour toi après ton premier but professionnel contre Tours lors de la dernière journée…

Le coach avait tenté quelque chose de nouveau en me repositionnant au poste de milieu gauche, poste que j’ai connu en formation à Bordeaux, mais où je n’avais encore jamais joué depuis que je suis professionnel. Sur ce coup-là ça m’a souri. Malheureusement on a perdu, mais je suis très content d’avoir marqué. D’autres Bordelais ont marqué lors de ce match, comme Jonathan Gradit et Sacha Clémence que je connais bien, c’était plutôt marrant et particulier. Ça m’a fait plaisir de les revoir et de jouer contre eux. 



« J’espère connaître la Ligue 1, c’est mon objectif principal »


Tu disputes ta troisième saison à Bourg-en-Bresse, après deux saisons pleines, comment analyses-tu ta progression depuis ton départ de Bordeaux en 2013 ?

Je ne suis pas encore arrivé à mon maximum, je peux encore progresser. J’ai une progression qui est crescendo, je progresse chaque année et je ne mets pas de limite.

Comment te jauges-tu par rapport aux autres équipes, à la Ligue 2, voire la Ligue 1 ? 

Le groupe est plus étoffé que l’année dernière, c’est tant mieux pour la concurrence. On se donne à fond pour être titulaire à chaque match. J’espère connaître la Ligue 1, c’est mon objectif principal. Ou un des cinq grands championnats majeurs en première division. Je suis fan d’Angleterre, donc la Ligue 1 ou la Premier League dès l’année prochaine, ce serait bien. Je veux faire ma saison, aider Bourg à se maintenir et après, pendant le mercato estival, si un club de Ligue 1 frappe à la porte ce serait très bien.

Bordeaux ? 

Je suis toujours Bordeaux, c’est mon club de cœur en France. Si Bordeaux frappe à la porte, je cours ! Je ne me pose même pas la question. Même si je n’ai pas signé pro à Bordeaux, je n’ai aucune rancœur envers ce club. S’ils veulent de moi, j’irai et je donnerai tout.

Avec le recul, que retiens-tu de ta formation aux Girondins de Bordeaux ?

Des bonnes et des mauvaises choses. J’ai énormément progressé à Bordeaux. Sans le centre, je ne serais pas là où je suis à l’heure actuelle. J’aurais pu réussir à Bordeaux, mais mon comportement a fait que je n’ai pas pu passer. C’est mon seul regret.



« Quand j’étais au centre, Philippe Lucas était comme un père »


Comment as-tu décidé de quitter les Girondins à l’époque ?

Le club voulait me conserver un an encore avec la réserve. Mais j’avais fait un essai à Guingamp avec les pros, qui étaient entraînés à l’époque par Jocelyn Gourvennec et il m’avait dit que si je faisais ce qu’il fallait, je monterais avec eux. Son discours m’avait beaucoup plus. Je ne me voyais pas rester à Bordeaux, Francis Gillot ne croyait pas en moi, donc je me suis dit que ça ne servait à rien de rester un an de plus avec la réserve, donc je suis parti.

Tu avais eu Philippe Lucas en tant que coach lorsque tu étais avec les U19, comment as-tu réagi quand tu as appris qu’il avait eu AVC ? 

J’étais très peiné. Dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai exprimé mon soutien sur les réseaux sociaux, envers lui et sa famille. Ça m’a vraiment touché, parce que quand j’étais au centre, c’était comme un père. Il m’a donné beaucoup de conseils, j’avais la tête dure et c’est le coach qui m’a le plus aidé au centre. J’étais très attristé d’apprendre ça. 

Donc tu rejoins Guingamp, ton deuxième centre de formation. Pourquoi ça n’a pas marché ?

C’était la première fois que je quittais ma famille, ce n’était vraiment pas simple. Le changement de climat, rester loin de ma famille, … Je ne suis resté qu’avec la réserve, alors que j’étais venu pour titiller les pros. Je ne me voyais pas progresser avec la réserve et moralement, 

Puis Luçon. Que retiens-tu de cette première expérience en équipe séniors ?

Que des belles choses. J’avais le choix d’aller à Strasbourg, mais ce n’était pas sûr qu’ils restent en National. J’ai décidé d’aller à Luçon, parce que c’est une équipe qui joue beaucoup au ballon et je suis un joueur de ballon. Luçon était la meilleure équipe pour moi.

Comment as-tu finalement rejoint Bourg-en-Bresse ?

Ils étaient aussi en National à cette époque. Je me rappelle avoir fait un très bon match chez eux, je pense que ce match-là a fait que le coach a pensé à moi pour un poste de latéral gauche à Bourg-en-Bresse. Quand ils sont montés en Ligue 2, je les ai rejoints. 



« Grâce à Alain Juppé, on a eu des papiers et une maison »


Tu as également pu disputer tes premiers matchs avec la sélection congolaise. Qu’est-ce que cela représente pour toi, alors que tu aurais aussi pu choisir l’Angola, ton pays de naissance ?

J’aurais pu choisir l’Angola c’est vrai. Je me suis toujours dit que je ne fermais la poste à aucune sélection. J’avais trois possibilités, l’Angola, la France ou le Congo et j’ai toujours dit que la première sélection qui m’appellerait et qui me donnerait de l’importance, j’irai et ça a été le Congo. Je n’ai pas hésité et c’est un pays qui est en train de monter en puissance. C’est une grande fierté d’y être, c’est que du plaisir et vraiment du bonus. Je me donne à fond à chaque fois que je vais en sélection.

Tu es né en Angola donc, mais tu as eu une enfance un peu compliquée. Peux-tu la raconter ?

J’ai dû quitter l’Angola tôt, j’avais six ans, parce que mon père a eu des problèmes avec le pays, parce qu’il était militaire. Il devait quitter le pays ou c’était la prison. On a quitté le pays à la va-vite et on a atterri en France, à Toulouse, où était le frère de mon père. J’y suis resté 10 mois et on a réussi à avoir une place dans un foyer à Villenave D’Ornon. J’y suis resté quatre ans et entre-temps, j’ai un petit frère qui est né et qui est tombé malade un an plus tard, aujourd’hui il est handicapé à vie. On a failli se faire expulser, mais la situation de mon frère a fait qu’on est restés à Villenave d’Ornon, mais on a dû changer de foyer. Ensuite, grâce à Alain Juppé, on a eu des papiers et une maison. C’est là que je suis entré au centre de formation des Girondins. 

Comment ça s’est passé ?

Je jouais à Villenave et on les affrontait souvent. Ils m’ont repéré comme ça et j’ai signé un an à Bordeaux, avec les 16 ans Nationaux, mais je n’avais pas encore intégré le centre de formation. J’allais à l’école avec le sport études et tous les mercredis, j’allais au centre pour m’entraîner. Je n’avais qu’un entraînement par semaine et je jouais les matchs les week-ends. Le coach n’aimait pas trop ça, alors j’ai quitté le sport études, je m’entraînais tous les jours au centre et j’avais un taxi qui me ramenait tous les soirs chez moi.

Tu dois être fier d’être là où tu es après toutes ces galères !

Oui je suis fier de moi. Chacun a son parcours, j’aurais pu en avoir un meilleur, mais je suis quand même fier de moi et j’espère pouvoir encore accomplir de belles choses dans les années à venir.

Merci à Vital et bonne continuation !

Photo à la une : © formationgirondins.fr

Rédigé par Alexandre Poirier, le 10/11/2017 à 17h58
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