Raphaël Crivello - « C'est un peu la saison du quitte ou double pour moi »

Latéral gauche de la réserve des Girondins de Bordeaux, Raphaël Crivello (20 ans) a répondu à nos questions. Il revient sur le début de saison compliqué en National 2, sa prolongation de contrat, son parcours au club et ses objectifs.
Raphaël Crivello - « C'est un peu la saison du quitte ou double pour moi »
Comment vas-tu après un peu plus d’un mois de compétition ?

Ça va bien, même si les débuts ne sont pas évidents. Ce ne sont pas les résultats que l'on avait imaginés par rapport aux matchs amicaux. Mais je me sens bien, on est tous à 100% physiquement.

Vous restez sur une mauvaise série de quatre défaites en championnat. Comment l’expliques-tu ?

C'est vrai que ce n'est pas facile. On a tous été un peu surpris après les bons matchs amicaux qu'on avait fait, contre de bonnes équipes. On est peut-être arrivés un peu trop confiants, sûrs de nous, en jouant comme l'année dernière. Sauf que ce n'est pas le même niveau, il y a des équipes plus expérimentées et il faut qu'on se mette à ce niveau-là, pour rivaliser. 

Est-ce que cela a été difficile de « retourner à la réalité » après la belle saison dernière ? 

On est tombés de haut, on était en quelque sorte sur notre petit nuage. On sortait d'une saison quasiment pleine, on finit champions de N3 et on s'est peut-être vus un peu trop beau. C'est un dur retour à la réalité, on est à six matchs, cinq défaites. Il faut sortir la tête de l'eau, on est capables de le faire, on le sait, mais il faut se bouger tous ensemble.

Certains du groupe sont jeunes, voir très jeunes, et découvrent ce niveau. En tant que cadre, comme Lucas Dumai, Alexandre Lauray, Driss Trichard, ... comment les aidez-vous ?

Notre but c'est d'essayer de les encourager le plus possible, de leur dire que ce n'est pas parce qu'ils sont jeunes qu'ils ont le temps d'être tranquilles, en se disant qu'ils ont encore de la marge... Non, on leur dit qu'il n'y a rien de facile, qu'il n'y a pas de temps à perdre et que tout est bon à prendre. Après, l'étau se resserre, le niveau monte et cela devient difficile. 




« Il faut sortir la tête de l'eau, on est capables de le faire, on le sait »


Pourtant, les prestations sont globalement bonnes, à l’image du match contre le Stade Bordelais, mais les résultats ne sont pas là…

Je pense qu'on n'a vraiment pas eu de chance contre le Stade Bordelais. Si on regarde le match, ils n'ont qu'une seule frappe, c'est ce coup franc dévié qui rentre, alors qu'on a eu plusieurs occasions franches. Mais ce n'est pas forcément qu'une question de chance. Il faut se remettre en question justement, travailler, que ce soit devant le but et en défense. C'est frustrant, parce qu'il n'y a eu que de mauvais matchs. Il y a eu quand même de bonnes performances, mais il nous manque peut-être un peu d'expérience pour gérer les fins de matchs ou une avance d'un ou plusieurs buts.

Ces derbies face au Stade Bordelais sont toujours difficiles et en championnat, la réserve ne les gagne pas souvent. Comment l'expliques-tu ?

Déjà, on joue dans leur stade. Et quand on joue à Sainte-Germaine, contre le Stade Bordelais, on est clairement à l'extérieur. On avait gagné 5-0 en match amical, je pense qu'on avait un avantage psychologique sur cette rencontre. Je ne pense pas qu'ils ont été meilleurs que nous. Sur les années précédentes, ils avaient une équipe beaucoup plus complète et forte, on savait que c'était des combats plus solides et compliqués. Aujourd'hui, le Stade Bordelais est une équipe est à notre portée, mais ce n'est jamais évident de gagner là-bas.

Samedi, vous allez à Romorantin, qui est aussi en mauvaise posture. L’occasion de sortir la tête de l’eau et prendre des points ?

C'est l'occasion de se lancer oui. C'est une équipe en difficulté, comme nous, ils ont le même nombre de points. Aller gagner à l'extérieur nous ferait vraiment du bien, ça permettrait de stopper cette série et de repartir sur quelque chose de nouveau. Eux aussi doivent se dire la même chose, mais c'est à nous d'être les plus performants possible.

Personnellement, tu étais en fin de contrat, tu as prolongé pour notamment encadrer les jeunes, c’est un peu la saison de la dernière chance… comment vis-tu cela ?

Oui c'est un peu la saison du quitte ou double pour moi. Déjà, j'étais très content de resigner aux Girondins, parce que je savais qu'il y avait la montée en National 2, du coup c'était intéressant de faire une année de plus. Il n'y avait pas non plus de grosses propositions à côté qui auraient pu me faire changer d'avis. C'est aussi une marque de confiance de la part des Girondins de me proposer un an de plus après déjà deux ans en réserve. Il faut vraiment que je donne tout pour espérer côtoyer l'équipe professionnelle et le haut niveau.




« C'est clair que tout le monde en formation n'a pas la chance de gagner des titres et de vivre des aventures comme ça »


En mai dernier, André Pénalva n’avait pas tari d’éloges à propos de toi et Lucas Dumai, disant que vous étiez des joueurs importants dans un groupe. Est-ce que personnellement, tu te sens effectivement comme un leader dans cette équipe ?

J'ai toujours eu cette volonté et ce rôle d'être sérieux, d'encadrer les équipes. De part les performances qu'on a eues sur le terrain, le fait d'avoir été en équipe de France plus jeune, ce statut de leader s'est fait un peu tout seul avec Lucas. J'étais capitaine en U17 Nationaux, en U19, ça te responsabilise et ça t'oblige en quelque sort à avoir ce leadership. C'est devenu naturel chez moi, c'est quelque chose qui me plaît et qui me tient à cœur. 

Justement avec Lucas Dumai, et d’autres aussi, vous avez gravit tous les échelons avec notamment les phases finales U17, le titre de champion de France U19, champion de National 3 et promus en National 2. Avec le recul, c’est quand même un beau parcours pour un joueur de centre de formation…

C'est clair que tout le monde en formation n'a pas la chance de gagner des titres et de vivre des aventures comme ça. Cette génération 98, on était vraiment une bande de potes, qui jouaient tout le temps ensemble et qui s'entendaient bien. Ça nous a permis de faire de belles choses, même avec les 99 et 2000, si on parle du championnat de France U19. Et c'est vrai que, quand on regarde les joueurs dans les centres de formation, il n'y en a pas beaucoup qui ont ce palmarès qu'on a réussi à avoir. C'est bien pour le club, pour nous, pour le CV.

Quels sont tes objectifs désormais ? 

Déjà de faire une saison pleine en National 2, jouer le plus possible, pour prendre de l'expérience et me montrer. Le but, c'est toujours d'aller plus haut, donc s'il y a la possibilité d'aller gratter des entraînements, des groupes avec les professionnels... Mais je ne m'arrête pas là. Si ça ne passe pas ici, les Girondins ne sont pas une finalité en soit, s'il y a une possibilité de rebondir ailleurs, c'est envisageable aussi. Le but c'est de jouer surtout et de prendre du plaisir.

Benoît Trémoulinas s'entraîne actuellement avec vous. En tant qu'arrière gauche, c'est forcément bénéfique pour toi...

C'est super ! J'ai eu l'occasion de discuter pas mal avec lui, il nous apprend beaucoup. Il a gagné deux Europa League avec Séville, a été champion de France avec Bordeaux, il a une carrière internationale, pour nous, ce n'est que bénéfique. Avoir un joueur comme ça, à mon poste, qui s'entraîne au quotidien avec nous, c'est que du plaisir. On peut le questionner, voir comment il joue, comment il s'adapte.

Merci à Raphaël et bonne saison !
 
Rédigé par Alexandre Poirier, le 19/09/2018 à 18h20
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