Yoann Barbet (QPR) - « Je vais tout faire pour aller en Premier League »

Tout d’abord, comment vas-tu durant cette période de confinement ?  

C’est long, comme pour tout le monde je pense ! Mais ça va, ce n'est pas plus mal, puisque ma compagne doit accoucher d’ici 3-4 semaines. Donc elle est contente de m’avoir tous les jours. Sinon on s’occupe comme on peut. J’ai la chance de pouvoir sortir pour courir, pour suivre le programme imposé par le club.


Ça a mis du temps à se mettre en place par rapport à la France. Le Premier Ministre (Boris Johnson, NDLR) était pour que 60% de la population attrape le coronavirus pour que tout le monde soit immunisé par la suite... Il disait même que globalement, il fallait se préparer à voir nos proches mourir... Il s'est finalement rendu compte que ce n'est pas la bonne option. C'est beaucoup plus stricte maintenant. Ça commence à ressembler à la France.
 

Justement, comment était vue la France au niveau des prises de décisions ?  

J’étais surpris, surtout quand on voit les conséquences en Italie par exemple. Mais pour notre part, on n’a pas suivi les recommandations de l’Angleterre, mais celles de la France. Ici ça ne fait que deux jours que le confinement est décrété, mais nous on s'est confinés en même temps que la France il y a 10 jours.

On s'occupe comme on peut (rires) On joue aux cartes, je joue au poker, à la Playstation aussi avec des amis. Je fais du sport, on a un programme à suivre donné par le club. Ce ne sont pas des vacances, mais j'en profite aussi pour dormir un peu plus, surtout que les grasses matinées seront terminées avec l'arrivée du petit ! 

Ma saison est un peu en demi-teinte. J’ai joué les 12-13 premiers matchs, j’avais la confiance du coach, mais je me suis blessé avant le derby contre Brentford (le 28 octobre dernier, NDLR). J'ai eu une déchirure de l'ischio et six semaines d'absence. Je suis revenu et la veille du match à Birmingham (le 11 décembre dernier, NDLR), j'ai une nouvelle déchirure au mollet et une rechute pour huit semaines. Donc trois mois et demi d'arrêt en tout. Je suis revenu sur les six derniers matchs et je suis content parce qu'on est invaincus depuis. Ça va mieux aussi au classement. C'est dommage que cette pandémie nous ait stoppés dans notre élan. 

J’étais ouvert à tout à cette époque-là. J’ai eu des opportunités en France, mais pas concrètes jusqu’au bout, en Turquie aussi. Mais ça a traîné et le coach des QPR m’a appelé rapidement. Il ne m’a pas lâché, même pendant les vacances. Il est venu en avion à Bordeaux, il m'a montré un réel intérêt, ça a pesé dans la balance. 
 

Ce n’est que du positif. Je n’ai pas réussi à Bordeaux et j’ai rebondi à Niort un peu par miracle. Je suis passé d’inconnu en Ligue 2 à l’Angleterre. Je suis arrivé inconnu ici aussi, mais j’ai réussi à me faire un nom en Championship. C'est vraiment un gros tournant. 

J’ai fait un grand pas en tant qu'homme aussi. Déjà être bilingue, c’est une chance. Puis on grandit aussi, j’étais tout seul depuis mes 13 ans, donc ça change beaucoup de choses. C'est une autre culture, un autre football. Quand je suis arrivé avec mes 77 kilos, c’était compliqué au début, mais j’ai évolué et mentalement aussi. Ce n'est que du positif, il n'y a rien de négatif si ce n’est qu'on ne voit pas aussi souvent nos proches que l'on voudrait. 

 

Ça s’est bien passé. J'ai eu la chance d'avoir un joueur Français à Brentford pour m'aider au début. Il m'a beaucoup accompagné, pour les traductions, les papiers,... C’était une aide précieuse, importante. Après, j’ai regardé beaucoup de séries en version sous-titrée, pour m’acclimater le plus vite possible à la langue. Puis c'est aussi en écoutant les gens que tu apprends. Après au niveau de la nourriture, c’est sûr que ça ne vaut pas la France, mais j’ai la chance d’être à Londres et tu y trouves ce que tu veux. Il y a même des supermarchés français. 


Oui j'ai hâte ! Pour l’instant, je me rends compte sans m’en rendre compte. Je serai papa le jour où je l’aurais dans les bras je pense. La seule interrogation, c’est de savoir si je pourrai assister ou non à l’accouchement à cause du confinement. Mais avec cette coupure, je pourrai aider ma compagne dès les premiers jours. Cette crise sanitaire arrive presque dans la bonne période, même s'il va falloir patienter pour présenter le petit à nos proches. 

On aime bien se promener à Hyde Park, c’est classique, mais le parc est top, on y va très souvent. On peut nourrir les animaux, des perruches, des écureuils,... ils ne sont pas sauvages, c'est très plaisant. On va aussi à Notting Hill ou aux magasins de Piccadilly Circus, on y voit toujours plein de monde et c’est ouvert jusqu’à très tard. On a aussi un grand centre commercial Westfield à cinq minutes en voiture. On a bien profité avant l'arrivée du petit !

Je trouve ça très dommage, parce qu'ils ont tellement travaillé pour le bien du club, pour sortir beaucoup de jeunes. Même ceux qui ne sont pas sortis comme moi ont quand même réussi ailleurs. Les nouveaux propriétaires sont venus et ont tout changé d’un coup, je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions. Bordeaux, ce n’est plus vraiment Bordeaux. J'ai du mal à retrouver l’identité du club. Il y a quand même un coach qui je pense est plus qu’intéressant, mais ça prend du temps. Quand j’ai le temps et que ma compagne ne râle pas trop, je regarde les matchs, mais c’est triste de voir ce qui se passe avec les supporters. Si on les enlève, il n'y a plus rien. Le Virage Sud, c'est l’âme du club.  
 

Je ne suis pas résigné et je vais tout faire pour aller en Premier League. Et pourquoi pas avec les QPR. Ce serait encore mieux de vivre une montée avec eux. Je n’ai pas du tout envie de partir d’ici, je suis très bien, j’ai la confiance du coach, du club. J’ai signé trois ans, ce n’est pas pour partir au bout d’un an. J’espère qu’on va pouvoir reprendre la saison et même pourquoi pas aller aux playoffs !